lundi 25 août 2014

Le séjour vu par...

...Anobla. Aujourd'hui, c'est notre jolie métisse qui se prête au jeu du bilan, après avoir digéré le voyage et repris le rythme français.

"L'Afrique ça ne s'explique pas, ça se vit".
Tout est dit. C'est pourquoi il va m'être compliqué voire impossible de rendre compte de ce voyage au Burkina Faso dans son exactitude et sa profondeur. Les mots ne pourront retransmettre les sensations et le vécu dans leur dimension la plus totale, cependant ils vous permettront d'imaginer, de vous faire une idée et peut-être de vous donner envie de vous approprier cette expérience dans un futur plus ou moins proche.

Le Burkina Faso, c'est tout d'abord un rythme de vie à prendre, moins regardant sur le temps en soi mais sur la vie et ses surprises.
Une notion du temps plus souple toutefois remise en cause de 8h à 12h, durant nos matinées de chantier. D'autant plus que cette année, en plus d'une salle de classe, nous devions aussi construire un logement enseignant et creuser des latrines de deux mètres de profondeur, sur deux mètres de largeur, soit 8m² de terre à piocher (Français VS Burkinabés = nous ne faisions pas le poids).

Le Burkina Faso c'est savoir s'adapter et garder son calme face aux imprévus. Les crevaisons au milieu de la brousse et les tempêtes de pluie détruisant des briques fraîchement démoulées font partie du quotidien.


Premier jour de chantier, on creuse les fondations de la salle de classe / Amélie et moi sous la pluie de Mougounssi avec en arrière-plan Marie qui vérifie les briques :) / les filles à la mode burkinabé pour le dernier soir / coucher du soleil devant le barrage de Poa

Le Burkina Faso c'est savoir supporter et se protéger des moustiques. Il ne faut pas oublier de prendre sa Malarone tous les soirs, tous en même temps et à la même heure.  Mettre ses manches longues, ses chaussettes et chaussures fermées (issues de notre sac de survie que l'on ne doit quitter en aucun cas) à 18h devient un rituel.

Le Burkina Faso c'est donc aussi savoir supporter la chaleur étouffante et accablante même en gilet après l'arrivée des moustiques à la nuit tombée.

Le Burkina Faso c'est ne plus avoir peur des insectes. Les blattes et les mouches dans les latrines deviennent nos amies. On apprend à se défaire d'un scorpion à coup de pelle et on tente d'éloigner les buveurs de sang en s'aspergeant d'anti-moustique.

Le Burkina Faso c'est aussi faire le plein de bonne humeur et de joie avec des burkinabés toujours souriants, quoiqu'il en soit.
Le Burkina Faso c'est aimer danser et ambiancer les maquis et les bals poussières du village aux sons du coupé décalé.
Le Burkina Faso c'est savoir négocier au marché face à une armée de vendeurs aguerris prêts à tout pour qu'on leur achète quelque chose (cf. marché de Ouaga pour ceux qui connaissent...)

Le Burkina Faso avec les Amis de Poa, c'est manger local. Le riz devient donc l'aliment de base. La confiture de goyave, de papaye et même d'orange-carotte illuminent nos petits-déjeuners et les allocos ravissent nos papilles.
C'est vivre en groupe, presque en famille, avec des règles de vie.
C'est s'entasser dans le mini bus au rythme des bas-fond, des trous et des dos d'âne.
C'est se doucher dans les latrines et finir par aimer ça tellement le bonheur de se laver est grand.
C'est se poser sur une natte, regarder les étoiles en mangeant des arachides avec Karim, Kizitho et Abdoulaye.

Kizitho, Amélie, Abdoulaye, Cassandra, Gaëtan, Anobla, Thomas

Le Burkina Faso c'est encore beaucoup de choses, des choses que je n'ai pas mentionnées, d'autres choses qu'il me tarde de découvrir lors d'un prochain voyage, des choses que j'espère vous aussi vous aimeriez voir par vous-même.
Une chose est sûre, je retournerai au pays des hommes intègres.

Premier jour à Mougounssi

Après notre arrivée à Ouagadougou, et la route vers Poa, nous sommes, dimanche 6 juillet 2014, le jour de notre premier réveil à Mougounssi. Je n'ai pas ressenti une grosse chaleur cette nuit-là, peut-être à cause de la fatigue du voyage. Ou à cause du temps.
En effet, à 7h du matin, un déluge s'est abattu sur nous. Le sable de la cour de l'école se faisait soulever par un vent d'une violence extrême, entamant une danse endiablée. Dans notre chambre/salle de classe/dortoir, le bruit de la tempête faisait trembler le toit en tôle, la fin du monde semblait proche. C'était un comble, pour notre premier jour en Afrique, il pleuvait (ça ne vous rappelle rien ?).

Sûrement à cause du bruit, je me suis levé de bonne heure et ai fait ma première rencontre avec les enfants du village. Ils s’appelaient Samuel et Emmanuel et avaient l'air d'avoir entre 7 et 10 ans, j'avais du mal à leur donner un âge précis. A mon « ça va ? », ils m'ont répondu un peu timidement un « oui ça va » collégial (réponse quasi-automatique de tous les enfants avec qui on parlera).
On ne se connaissait pas encore mais ils me souriaient déjà et nous avons même pris des photos ensemble (photos qui seront supprimées de mon appareil par les enfants qui joueront avec, dommage). On essayait de se parler mais la barrière de la langue s'est vite fait ressentir, alors le langage des signes est devenu indispensable.

Après le petit-déjeuner, pris tard en raison du mauvais temps (nos marmites et notre foyer étaient bloqués dans un taxi-moto qui peinait à passer un bas-fond), on a occupé notre premier après-midi à Mougounssi à jouer avec les villageois. Un moment exceptionnel, le sourire de ces enfants vaut tout l'or du monde.


Amélie en mode paparazzi et moi concentré sur le jeu

On a débuté avec le Uno, on a fait plusieurs équipes (un Français et un enfant de Mougounssi). A cause de la barrière de la langue, on ne pouvait pas expliquer clairement les règles, alors on tentait de le faire au cours du jeu, tant bien que mal. Mais nous avons aussi appris plusieurs choses, comme nommer les couleurs en mooré (oro pour jaune …).
Ensuite, un atelier dessin s'est monté avec un concours de dessin de poules. Bien évidemment, en raison de ma fibre artistique très développée, il se trouve que mon œuvre était de loin la plus moche de toutes. Mais ça nous a permis de rire ensemble et d'apprendre à nous connaître un petit peu.
Enfin, le dernier jeu a été celui de la bataille corse. Moi même je ne connaissais pas les règles. J'ai donc dû les apprendre sur le tas en même temps que les enfants pour pouvoir y jouer. On était quatre à ce moment-là : Cassandra, Thomas, un enfant du village et moi-même. Et tout autour de nous, un public vif et extrêmement attentif regardait la partie se dérouler. C'est là que nous avons le plus ri, en feintant de taper sur le tas de cartes. Ce moment, un des premiers que l'on a vécu, restera l'un des plus importants pour moi.

C'est extrêmement difficile d'expliquer comment s'est déroulé cet après-midi car la joie de se rencontrer était tellement palpable des deux côtés que tenter de l'expliquer ne la retranscrit pas fidèlement. Alors comme disait notre guide à Bobo, Daouda : « L'Afrique, ça ne se raconte pas, ça se vit ». Et il avait parfaitement raison.

Gaëtan